«Les cinq dernières années, le nombre total d’emplois en Économie sociale a augmenté de près de 9%»
Le Ministre de l’emploi Bernard Clerfayt est intervenu au sein de l'intergroupe "économie sociale" du Parlement Européen. A cette occasion il a mis l’accent sur le rôle clé des entreprises d’économie sociale pour le marché de l’emploi. Elles représentent 12 % de l’emploi en Wallonie et en Région de Bruxelles-Capitale en 2018.
Voici la retranscription intégrale de son intervention.
La crise que nous traversons actuellement vient chambouler les fondements de notre économie.
C’est un momentum important et nécessaire pour repenser, moderniser et améliorer certains paradigmes sur lesquels reposent notre économie et donc l’emploi.
En Région de Bruxelles-Capitale, les entreprises sociales et démocratiques ont historiquement joué un rôle important dans le tissu productif régional et dans les missions d’insertion qu’elles assument au quotidien pour les publics les plus fragilisés sur le marché de l’emploi.
A Bruxelles, un cadre réglementaire novateur reconnait aujourd’hui pleinement l’économie sociale et les missions intrinsèques dévolues à ces entreprises comme secteur économique à part entière. Cette reconnaissance se base sur les critères européens EMES de :
- Mise en œuvre d’un projet économique
- Poursuite d’une finalité sociale
- Exercice d’une gouvernance démocratique
- Et d’une tension salariale modérée.
Le Gouvernement bruxellois soutient pleinement la professionnalisation du secteur de l’économie sociale dans ses missions d’insertion socio-professionnelle des chercheurs d’emploi les plus éloignés du marché de l’emploi. Cela passe par l’octroi d’un mandat et d’un financement pour la réalisation d’un programme d’insertion comme Service d’Intérêt Economique Général (SIEG).
Les entreprises sociales et démocratiques incarnent des valeurs qui permettent de répondre au plus près des besoins d’une ville région comme Bruxelles.
La Région de Bruxelles-Capitale, comme de nombreuses autres villes européennes, est confrontée à d’importantes disparités socioéconomiques sur son territoire : chômage élevé, accroissement de la pauvreté, confinement de groupes sociaux défavorisés dans des zones de pauvreté… La croissance économique, même lorsqu’elle est créatrice d’emplois, peut se faire au détriment de la cohésion des zones urbaines. Et les impacts sociaux issus de la crise du Covid-19 risquent d’accentuer le paradoxe des grandes villes qui sont productrices à la fois de richesse et de pauvreté, d’intégration et d’exclusion.
Les activités d’économie sociale jouent un rôle clé sur le marché de l’emploi.
Le dernier cahier de l’Observatoire dédié à l’Etat des lieux de l’économie sociale pour 2017- 2018 met en exergue l’importance de l’économie sociale pour l’emploi.
Les entreprises d’économie sociale représentent 12 % de l’emploi en Wallonie et en Région de Bruxelles-Capitale en 2018 mais plus de 20 % de la création nette d’emploi en Belgique.
Ces emplois sont occupés à plus 68% par des femmes. Et prés d’1 travailleur sur 5 a plus de 55 ans.
Les cinq dernières années, le nombre total d’emplois en Economie sociale a augmenté de près de de 9 %, là où l’économie classique a connu une hausse de 2 %.
Demain avec la crise sociale qui s’annonce, ces entreprises sociales doivent être soutenues et intégrées au tissu économique européen.
A Bruxelles, 95% des entreprises sociales bruxelloises sont des associations actives dans de nombreux secteurs d’activité, et plus particulièrement dans les secteurs de la « santé humaine et action sociale », des « autres activités de services » et de l’« éducation et formation ».
Les sociétés coopératives génèrent quant à elle l’essentiel des emplois du secteur du « commerce de gros et de détail ».
Le Gouvernement bruxellois a pris des mesures fortes dans le cadre des mesures de soutien aux entreprises et entrepreneurs bruxellois impactés par la lutte contre la propagation du virus COVID-19, et a rendu accessibles les aides économiques et les mesures de soutien sectoriel aux entreprises sociales d’insertion actives dans le domaine d’activités concerné pour renforcer leur capacité de résilience.
En soutenant l’économie sociale, nous créons de la valeur ajoutée ancrée localement. En créant de la valeur ajoutée locale, nous créerons des emplois locaux et non délocalisables.
L’Europe doit reconnaitre l’économie sociale à sa juste valeur. Cela passe également par une reconnaissance des entreprises à profit social comme des entreprises à part entière.
Nous devons capitaliser sur les missions assumées par ces entreprises sociales en matière d’insertion durable de tous les travailleurs et notamment les catégories les plus discriminés. Nous devons stimuler l’emploi des jeunes au sein des entreprises sociales. Mais aussi et surtout capitaliser sur leur capacité à s’adapter et sur leur résilience face aux aléas que l’humanité peut traverser…
L’Europe peut et doit dès aujourd’hui poser un geste fort en s’engageant auprès des entreprises sociales dans leur volonté de se professionnaliser dans l’insertion durable pour tout un chacun vers toujours plus d’autonomie.